Mon vendredi noir
C'était il y a 3 ans.
Avec le recul, je pense que j'ai toujours "su" que quelque chose ne tournait pas rond chez moi.
Et pour cause, je n'ai plus utilisé de moyen de contraception depuis mes 23 ans.
Il est question de contraception pour mes histoires qui ont duré quelques années, sinon bien sûr le préservatif était mon ami.
Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien.
Je n'avais pas de moyen de contraception, ça m'allait bien, je ne tombais pas enceinte et c'était normal pour moi, donc je ne prenais pas de contraception...
Bref.
Puis un jour, en discutant avec un amie en "essais" depuis un an.
Elle me dit qu'elle commence à s'angoisser, que ça ne marche pas, mais qu'elle pense qu'il faut attendre encore un peu avant de consulter pour être prise au sérieux par les médecins.
Je lui dis qu'à mon avis, si elle s'angoisse il vaut peut-être mieux aller consulter, quitte à mentir sur la durée des essais, et que les résultats des examens pourraient certainement la rassurer.
Qu'au moins s'il y a un petit souçi, elle saurait, et pourrait agir en conséquence.
Bref je lui donne mon avis qui est de ne pas attendre sans savoir, surtout si elle commence à s'angoisser.
Et ce jour là, je ne sais pas pourquoi mais mon discours a résonné bizarrement dans ma tête.
Et je me suis dit "tiens, si tu allais un peu faire des examens toi aussi"
J'étais trèèèèèèès loin de la PMA, très loin de tous ces examens, très loin de tout ce qui pouvait en découler.
Pour moi le cycle féminin se résumait à mes règles tous les 28 jours.
Du coup, il est vrai que l'attente pendant tous ces examens n'a pas été infernale.
Pour moi il était question de savoir une bonne fois pour toute, et je m'imaginais prendre 3 cachets si quelque chose n'allait pas le jour où j'allais décider de faire un bébé.
Bien sûr, mon compagnon de l'époque se plie également aux examens sur ma demande.
Au fur et à mesure des résultats, je me renseigne sur internet, mais rien ne me parait catastrophique.
Et puis de toutes façons quoi qu'il arrive la médecine aura une solution.
Lorsque j'y pense aujourd'hui, je me dis que j'étais complètement déconnectée de la réalité.
Ca me semble complètement fou.
J'arrive donc à mon centre ce vendredi 8 septembre 2006, avec ma belle pochette (noire!), ma bouche en coeur et mes illusions de femme à qui il n'est jamais rien arrivé, et qui croit en sa bonne étoile.
Il aura suffi d'un regard à la gynéco sur les examens, d'un froncement de sourcils, et de quelques phrases:
"
Je soupçonne une endométriose stade 3, le stade le plus grave étant le n°4, à confirmer par coelioscopie au plus tôt.
Je vais demander à la secrétaire un rdv avec le chirurgien, vous serez hospitalisée 2 jours et aurez une semaine d'arrêt.
Ensuite, il faudra vous mettre en ménopause artificielle pendant 4 mois.
Nous enchainerons par un protocole long pour une FIV ICSI, il ne faut pas "traîner" car l'endométriose peut "revenir" après la coelioscopie.
"
Je ne me souviens pas si ce sont ses mots exacts, mais c'est ce que je retiens, certainement y a-t'elle mis plus de forme, je ne sais plus.
Mon coeur se serre, mon ventre se tord, j'ai chaud dans ce bureau.
J'ai l'impression d'avoir du coton dans les oreilles, la gynéco continue de parler mais je ne l'entends plus.
Pendant qu'elle écrit, je regarde derrière elle, par l'immense baie vitrée, il y a un joli jardin avec une fontaine que je ne quitte pas des yeux.
Je ne la quitte pas des yeux parce que sinon mes larmes vont couler c'est sûr, pour ne plus jamais s'arrêter je le sens.
Ma gorge me fait mal et mes yeux me brûlent, je veux sortir de ce bureau.
Je veux être toute seule.
Enfin le calvaire prend fin, je salue la gynéco sans oser la regarder dans les yeux, je sors de ce bureau, mes larmes commencent à couler.
Il ne faut pas, il faut encore passer devant la salle d'attente avec toutes ces femmes, devant la secrétaire...
Je renifle et essuie mes yeux et mon nez avec ma manche, j'essaie de sortir digne, mais je pense que ça ne le fait pas du tout.
Dehors je respire un peu mieux, mais il me faut encore aller jusqu'à ma voiture, je n'y arrive pas.
Je pleure dans la rue, comme une enfant.
Je ne m'arrêterai de pleurer que le soir.
Puis je ne réfléchis pas et me jette à corps perdu dans la PMA.
Je ne réfléchis pas si je veux que l'homme avec lequel je vis soit le père de mes enfants.
Je veux juste tomber enceinte, je veux savoir que je peux être maman.
Je veux vaincre la PMA et réfléchir après.
Je me fais opérer.
Je suis artificiellement ménopausée, et je comprends enfin ma mère qui me dit que la ménopause est un enfer.
Je commence mon protocole long, et finalement pour cette première ça sera une FIV classique.
Je crois que ça va marcher la première fois, ça ne peut que marcher la première fois.
Je suis une optimiste, je crois que si je le veux très fort ça viendra.
Et puis j'ai fait tout comme on m'a dit, y a pas de raison.
Je me fais ponctionner.
Je téléphone au centre le surlendemain matin à 9h00, je suis en train de réfléchir s'ils vont me transférer un ou deux embryons...
"Je suis désolée madame, il n'y a pas d'embryons"
Cette fois-çi je me suis arrêtée de pleurer à midi.
La deuxième FIV, un embryon sera transféré.
Je pleure une heure à l'arrivée de mes règles.
La troisième FIV, 2 embryons transférés.
Je ne verse pas une larme à la lecture du verdict.
La quatrième FIV sera abandonnée avant la ponction, la réponse ovarienne n'est pas aceptable.
Cette fois encore, je pleure beaucoup, parce que je réalise qu'il ne me reste que 2 cartouches.
Et qu'après ça, à 31 ans, je saurai que je ne serai jamais maman.
Je ne suis plus optimiste, je suis résignée.
Je ne suis pas bien dans ma vie, je ne suis pas bien dans mon couple.
Je réalise que nous sommes 2 potes de galères...
2 personnes réunies parce que l'une sans l'autre prend le risque de ne pas être parent.
J'ai peur de me dire ça, mais je sens que si la PMA ne nous réunissait pas, nous ne serions peut-être plus ensemble.
Et je décide de faire un break PMA, et je rencontre choudou.
Mon couple n'y survivra pas.
Choudou qui accepte tout. Qui me prend comme je suis, avec mes ovaires pourris et mon cynisme provocateur.
Choudou qui prend le risque de ne plus être papa, par amour pour moi.
Choudou qui ne réalise pas bien, je le sais, mais qui est d'un optimisme à tout épreuve.
Choudou qui sympathise avec toutes les secrétaires du centre PMA, qui remonte de l'escalier à branlette tout sourire, avec son enveloppe.
Choudou que je trouve parfois relous avec ses blagues vaseuses mais qui a toujours su me redonner le sourire quand la PMA me rongeait.
Choudou, avec qui je me suis dit que même si je n'avais pas d'enfant de lui, je vieillirai bien à ses côtés.
Mon choudou, choudoulouminou comme j'aime à l'écrire lors de nos conversations sur msn au travail (chut...).
Et la vie me sourit à nouveau.
Avec le recul, je pense que j'ai toujours "su" que quelque chose ne tournait pas rond chez moi.
Et pour cause, je n'ai plus utilisé de moyen de contraception depuis mes 23 ans.
Il est question de contraception pour mes histoires qui ont duré quelques années, sinon bien sûr le préservatif était mon ami.
Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien.
Je n'avais pas de moyen de contraception, ça m'allait bien, je ne tombais pas enceinte et c'était normal pour moi, donc je ne prenais pas de contraception...
Bref.
Puis un jour, en discutant avec un amie en "essais" depuis un an.
Elle me dit qu'elle commence à s'angoisser, que ça ne marche pas, mais qu'elle pense qu'il faut attendre encore un peu avant de consulter pour être prise au sérieux par les médecins.
Je lui dis qu'à mon avis, si elle s'angoisse il vaut peut-être mieux aller consulter, quitte à mentir sur la durée des essais, et que les résultats des examens pourraient certainement la rassurer.
Qu'au moins s'il y a un petit souçi, elle saurait, et pourrait agir en conséquence.
Bref je lui donne mon avis qui est de ne pas attendre sans savoir, surtout si elle commence à s'angoisser.
Et ce jour là, je ne sais pas pourquoi mais mon discours a résonné bizarrement dans ma tête.
Et je me suis dit "tiens, si tu allais un peu faire des examens toi aussi"
J'étais trèèèèèèès loin de la PMA, très loin de tous ces examens, très loin de tout ce qui pouvait en découler.
Pour moi le cycle féminin se résumait à mes règles tous les 28 jours.
Du coup, il est vrai que l'attente pendant tous ces examens n'a pas été infernale.
Pour moi il était question de savoir une bonne fois pour toute, et je m'imaginais prendre 3 cachets si quelque chose n'allait pas le jour où j'allais décider de faire un bébé.
Bien sûr, mon compagnon de l'époque se plie également aux examens sur ma demande.
Au fur et à mesure des résultats, je me renseigne sur internet, mais rien ne me parait catastrophique.
Et puis de toutes façons quoi qu'il arrive la médecine aura une solution.
Lorsque j'y pense aujourd'hui, je me dis que j'étais complètement déconnectée de la réalité.
Ca me semble complètement fou.
J'arrive donc à mon centre ce vendredi 8 septembre 2006, avec ma belle pochette (noire!), ma bouche en coeur et mes illusions de femme à qui il n'est jamais rien arrivé, et qui croit en sa bonne étoile.
Il aura suffi d'un regard à la gynéco sur les examens, d'un froncement de sourcils, et de quelques phrases:
"
Je soupçonne une endométriose stade 3, le stade le plus grave étant le n°4, à confirmer par coelioscopie au plus tôt.
Je vais demander à la secrétaire un rdv avec le chirurgien, vous serez hospitalisée 2 jours et aurez une semaine d'arrêt.
Ensuite, il faudra vous mettre en ménopause artificielle pendant 4 mois.
Nous enchainerons par un protocole long pour une FIV ICSI, il ne faut pas "traîner" car l'endométriose peut "revenir" après la coelioscopie.
"
Je ne me souviens pas si ce sont ses mots exacts, mais c'est ce que je retiens, certainement y a-t'elle mis plus de forme, je ne sais plus.
Mon coeur se serre, mon ventre se tord, j'ai chaud dans ce bureau.
J'ai l'impression d'avoir du coton dans les oreilles, la gynéco continue de parler mais je ne l'entends plus.
Pendant qu'elle écrit, je regarde derrière elle, par l'immense baie vitrée, il y a un joli jardin avec une fontaine que je ne quitte pas des yeux.
Je ne la quitte pas des yeux parce que sinon mes larmes vont couler c'est sûr, pour ne plus jamais s'arrêter je le sens.
Ma gorge me fait mal et mes yeux me brûlent, je veux sortir de ce bureau.
Je veux être toute seule.
Enfin le calvaire prend fin, je salue la gynéco sans oser la regarder dans les yeux, je sors de ce bureau, mes larmes commencent à couler.
Il ne faut pas, il faut encore passer devant la salle d'attente avec toutes ces femmes, devant la secrétaire...
Je renifle et essuie mes yeux et mon nez avec ma manche, j'essaie de sortir digne, mais je pense que ça ne le fait pas du tout.
Dehors je respire un peu mieux, mais il me faut encore aller jusqu'à ma voiture, je n'y arrive pas.
Je pleure dans la rue, comme une enfant.
Je ne m'arrêterai de pleurer que le soir.
Puis je ne réfléchis pas et me jette à corps perdu dans la PMA.
Je ne réfléchis pas si je veux que l'homme avec lequel je vis soit le père de mes enfants.
Je veux juste tomber enceinte, je veux savoir que je peux être maman.
Je veux vaincre la PMA et réfléchir après.
Je me fais opérer.
Je suis artificiellement ménopausée, et je comprends enfin ma mère qui me dit que la ménopause est un enfer.
Je commence mon protocole long, et finalement pour cette première ça sera une FIV classique.
Je crois que ça va marcher la première fois, ça ne peut que marcher la première fois.
Je suis une optimiste, je crois que si je le veux très fort ça viendra.
Et puis j'ai fait tout comme on m'a dit, y a pas de raison.
Je me fais ponctionner.
Je téléphone au centre le surlendemain matin à 9h00, je suis en train de réfléchir s'ils vont me transférer un ou deux embryons...
"Je suis désolée madame, il n'y a pas d'embryons"
Cette fois-çi je me suis arrêtée de pleurer à midi.
La deuxième FIV, un embryon sera transféré.
Je pleure une heure à l'arrivée de mes règles.
La troisième FIV, 2 embryons transférés.
Je ne verse pas une larme à la lecture du verdict.
La quatrième FIV sera abandonnée avant la ponction, la réponse ovarienne n'est pas aceptable.
Cette fois encore, je pleure beaucoup, parce que je réalise qu'il ne me reste que 2 cartouches.
Et qu'après ça, à 31 ans, je saurai que je ne serai jamais maman.
Je ne suis plus optimiste, je suis résignée.
Je ne suis pas bien dans ma vie, je ne suis pas bien dans mon couple.
Je réalise que nous sommes 2 potes de galères...
2 personnes réunies parce que l'une sans l'autre prend le risque de ne pas être parent.
J'ai peur de me dire ça, mais je sens que si la PMA ne nous réunissait pas, nous ne serions peut-être plus ensemble.
Et je décide de faire un break PMA, et je rencontre choudou.
Mon couple n'y survivra pas.
Choudou qui accepte tout. Qui me prend comme je suis, avec mes ovaires pourris et mon cynisme provocateur.
Choudou qui prend le risque de ne plus être papa, par amour pour moi.
Choudou qui ne réalise pas bien, je le sais, mais qui est d'un optimisme à tout épreuve.
Choudou qui sympathise avec toutes les secrétaires du centre PMA, qui remonte de l'escalier à branlette tout sourire, avec son enveloppe.
Choudou que je trouve parfois relous avec ses blagues vaseuses mais qui a toujours su me redonner le sourire quand la PMA me rongeait.
Choudou, avec qui je me suis dit que même si je n'avais pas d'enfant de lui, je vieillirai bien à ses côtés.
Mon choudou, choudoulouminou comme j'aime à l'écrire lors de nos conversations sur msn au travail (chut...).
Et la vie me sourit à nouveau.