D-Day - Acte 4
Vendredi 27 Mai 2011 - 19h30:
L'anesthésiste arrive.
Ce n'est pas le même que la dernière fois, je l'aimais bien celui de la dernière fois avec sa nuque longue et ses dents pourries... on avait bien accroché.
Je vais quand même lui laisser sa chance.
Il est sympa, papote, fait des blagues, et prends même le temps d'expliquer à la stagiaire SF comment faire je sais pas quoi.
Non mais il est sympa c'est sûr, c'est bien de prendre le temps d'expliquer aux étudiants mais j'ai juste l'impression qu'on m'arrache les entrailles moi.
J'imagine qu'elle n'a pas qu'un seul jour de stage la jeunette là, bon ben tu lui expliqueras demain et tu viens me piquer.
Tu perds des points là...
Pour se venger, il me fait me mettre assise sur le bord de la table, et faire le dos rond.
L'enfoiré.
L'anesthésiste de la dernière fois m'avait piquée allongée sur le côté.
Ca te troue le cul ça hein? Bé ouais, l'était sûrement meilleur que toi, qu'est-ce que tu veux que je te dise.
"Faites le dos rond qu'il me répète", je m'éxecute mais j'aurai ma revanche.
J'ai envie de vomir.
L'angoisse.
Je repense à ce satané plateau repas que j'ai quémandé, et que j'ai nettoyé jusqu'au moindre petit bout de pain.
Je repense à la SF qui m'avait quand même conseillé "de manger léger".
Je repense à la purée.
Je m'empare d'un haricot et je prie tous les dieux du ciel de ne pas vomir.
Je suis piquée, enfin.
Mes jambes commences à flageoler.
Je me sens dans du coton.
J'adore la péridurale. Je voue un culte à la péridurale.
"Je vous aime" que je dis à l'anesthésiste, sous l'oeil effaré de choudou. Je n'ai plus aucune retenue sous péri.
"z'avez du dire la même chose à l'anesthésiste de la dernière fois" me répond-il.
Mais pourquoi tu compliques tout, pourquoi tu prends pas ce que j'ai à te donner là, maintenant.
C'est fou ça.
Il part. Je sens bien que j'ai du le chambouler.
Natacha, la SF revient me voir, et m'examine enfin.
Dilatée à 8.
Je comprends mieux la douleur.
T'as un peu foiré Natacha, tu m'avais dit 1/2h d'observation avant la péri, et pas 1h1/2!!
J'aurai du te vomir dans les cheveux quand j'en avais l'occasion.
Choudou sors passer des coups de fils et j'en profite pour somnoler.
L'anesthésiste revient.
Ha ha! Je le savais que tu reviendrais.
On blague, on parle politique, je lui avoue mon amour sans faille pour Olivier Besancenot, il doit penser que je suis nymphomane.
Finalement il repart et je ne le reverrai plus.
Choudou revient et m'avoue qu'il a cru que l'anesthésiste était saoul tant il avait un comportement étrange.
Il me dit s'être approché de lui plusieurs fois pour vérifier qu'il ne sentait pas l'alcool.
En fait il a du croire qu'on était un couple libertin échangiste l'anesthésiste.
C'est pas plus mal qu'on ne l'ai plus revu finalement.
Vendredi 27 Mai 2011 - 21h30:
Hop là, les douleurs reviennent.
Je ne veux PAS que les douleurs reviennent.
Je l'ai vécu pour choudounette, je ne veux pas.
J'appelle une SF (Natacha est partie) et réclame mon shoot!
Je suis dilatée complètement, ma bébé est bien descendue, un nouveau shoot ne m'aiderait pas forcément pour la poussée.
Noooooooooooooooooooooooooooon.
J'ai peur.
Je ne veux pas avoir mal encore.
Elle me sonde la vessie. Me demande si je sens quelque chose.
Non.
La péri fait donc encore bien effet, me dit-elle alors.
Elle me propose de pousser, me dit que parfois ça soulage.
Et qu'on voit après.
Je pousse donc pour la première fois.
Effectivement ça soulage.
Ok on va le tenter sans un autre shoot alors.
Et je pousse, je re-pousse, je sur-pousse.
Et dans le même temps, j'essaie de garder mon anus bien fermé!!
Je ne suis pas très forte en poussée, j'ai l'impression de ne pas sentir convenablement les choses.
Je demande à me mettre sur le côté mais je suis trop petite pour pouvoir mettre ma jambe sur l'étrier et me tenir à la tête du lit.
C'est juste la loose.
Je repasse sur le dos.
Elle me demande de m'attraper les cuisses.
Je pousse.
C'est lamentable comme je ne sens rien.
Mais je continue, je m'exécute.
Je pousse tant et plus (toujours fermé l'anus hein...).
Et soudain, je sens, je sens tout.
Sa tête passer.
Et j'entends mon bébé pleurer.
Son premier cri.
- Je sors son bras, me dit-elle.
- Ho la la...
- Son autre bras
- Ho la la...
- Voilà elle arrive, elle est là
- Ho la la... elle est toute vilaine
Oui j'ai dit ça.
A ma bébé que je voyais pour la première fois.
Et pour autant, comment dire.
Quand Lison est née, j'ai appris à l'aimer.
Avec le temps.
J'ai appris la vie avec un bébé.
J'ai appris mon rôle de maman.
J'étais beaucoup trop angoissée pour être complètement submergée par un sentiment d'amour immédiat.
Quand j'ai vu Jeanne, je l'ai aimé.
D'un coup.
Je savais ce que voulait dire l'arrivée d'un bébé.
Je n'avais plus qu'à l'aimer.
Même si elle était toute vilaine.
L'histoire ne dit pas si j'ai fait popo.